Lettre à mon Papa

Avez-vous déjà ressenti une vague démesurée de douleur arriver sur vous, de la taille d’un gratte-ciel ? … la douleur qui vous dévore est la perte d’un être cher… Elle arrive sans aucune prise de rendez-vous, soudainement, brusquement, et, en repartant, elle vous vide de toutes les larmes de votre corps, elle transforme votre cœur en pierre …Vous l’avez senti arriver… un bruit écrasant le silence, un appel, un regard terni par la noirceur de cette bien triste nouvelle que votre messager doit vous annoncer …

« Ton Papa a quitté cette Terre » … Au début de cette sentence irrévocable, cette vague s’écrase sur vous, l’impuissance s’empare de votre corps et vous laissez votre corps inanimé prendre des coups de cette tempête inattendue. Cette vague l’enveloppe, l’attire dans son antre puis elle le vide de toutes ses forces…

La vague semble être partie, vous restez immobile, assis, vous regardez à l’intérieur de vous-même, enfin vous contemplez les restes de votre être après la tempête…Un être cher est parti, vous n’avez pas pu le serrer dans vos bras avant son départ inopiné, ce maudit départ qui ne vous a pas laissé une petite seconde, la précieuse seconde pour lui dire à quel point vous l’aimez et comment vous le chérissez…

La monstrueuse vague a dérobé tout ce qu’elle pouvait emporter avec elle dans cette fuite vers l’inconnu. Cette mégère a aussi su déposer une petite couche de vernis de « regrets » qui ne vous laissera pas chanter la fameuse chanson « Non, rien de rien, je ne regrette rien » … Je regrette, je regrette de ne pas avoir su dégager du temps pour te voir et revoir, Papa, de profiter de toi quand tu étais encore là… J’avais la tête sous l’eau dans un océan de travail, de quotidien, de problèmes de toutes sortes qui me semblent – après cette petite vaguette – inexistants… Trois milles kilomètres nous séparaient mais nous étions liés par la musique inaudible d’amour entre Papa et sa Fille. « Je t’aime, Papa ! Je t’aime pour l’éternité ! »

Assez…de sable salé sur mes lèvres… Je dois me relever et quitter cette plage ravagée, je dois partir vers la direction de mon île – je dois la retrouver et me reconstruire sans toi, Papa, mais pour toi…TU seras toujours là, dans mon cœur, dans ma tête, dans le sourire de ta petite fille … Tu es parti trop tôt… Je quitte cette plage pour devenir une personne meilleure, pour te ressembler, te rendre hommage et te garder ainsi – par mes actions qui te ressemblent – auprès de moi… ta gentillesse, ton éternel optimisme, ta disponibilité, ta bonne humeur, ton sourire ineffaçable, ta curiosité et ta soif d’apprendre (tu as appris le français – la langue des Gaulois – tout seul à 60 piges !). Ton amour que tu donnais sans compter et sans doser à chaque membre de notre famille… Partout où tu passais tu laissais un rayon de soleil dans les yeux des personnes que tu croisais : un ami, une connaissance, un passant dans la rue… Tu aimais la vie, tu aimais vivre et profiter des cadeaux que ta vie te réservait chaque jour, tu savais les reconnaitre, ses cadeaux de ta vie…

Ma réponse à cette vague de douleur est donc de te ressembler encore plus, d’aller au bout de mes projets – toujours multiples ! tout comme toi – je sais de qui je tiens cette pugnacité et cette force pour avancer et atteindre mes objectifs…

« Je t’aime, Papa ! Rappelle-toi, je t’aime pour l’éternité ! »

Paris, le 6 janvier 2021

Olga de Weck (Юденич)

P.S. « Heartless », peinture acrylique sur toile, 30 x 40 cm, Olga de Weck, 2021

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